vendredi, décembre 19, 2014

Pascal PRAUD - La fable du jour : A. MOUNIER, le Père Noël et S. ENNJIMI

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , ,

Publié le 19/12/2014 - Anthony Mounier, le Père Noël et Monsieur Ennjimi

Anthony Mounier a reçu un carton jaune après qu’il a coiffé le bonnet du Père Noël pour célébrer un but. Joyeuses fêtes !

« Il est incontestable que la bêtise gagne du terrain », a déclaré Fabrice Lucchini dans un long entretien qu’il a accordé au Figaro ce samedi. Lucchini est un homme libre. Je ne crois pas que le diseur de Céline et Philippe Murray fréquente les stades de football. Il trouverait de quoi alimenter ses « choses vues ».

Anthony Mounier a marqué un but contre Lens avec son équipe de Montpellier. Pour célébrer sa joie, il a coiffé un bonnet de Père Noël. L’arbitre Monsieur Ennjimi l’a sanctionné d’un carton jaune et s’appuie sur le règlement de la Fifa, chapitre « avertissement pour comportement antisportif. » La Fifa donne des exemples : si un joueur recouvre sa tête ou son visage d’un masque ou d’un article analogue, il recevra un carton jaune. Elle illustre ce règlement par des photos. Sur le site de la fédération internationale, on  voit des joueurs encagoulés qui ont reçu des avertissements.

Comme tous ceux qui se baladent avec un code des lois sous le bras, qu’ils soient gendarmes, policiers, ou voisins mal embouchés, Monsieur Ennjimi se réfugiera derrière les textes et l’application du règlement qui doit être «  le même pour tout le monde. » Je fuis autant que faire se peut ces esprits rigides qui n’ont pas compris qu’un règlement est une base, qu’il convient de l’interpréter avec nuance, avec intelligence, en fonction des événements ou des conditions particulières. Nous sommes à dix jours de Noël et Anthony Mounier s’amuse. Faut-il le sanctionner pour ça ?

Derrière ce carton jaune, il y a un monde. La soumission à la règle, la peur de se faire réprimander si on ne l’applique pas, l’absence de courage, la veulerie etc. Il y a le fayot qui balance ses copains à la récréation quand il a dix ans et qui traversera plus tard les entreprises en petit téléphoniste du patron, celui qui rapporte les conversations indiscrètes.

Je déteste ces valets. Si j’étais arbitre, je tordrais les règlements pour privilégier l’esprit à la lettre. Si j’étais Monsieur Ennjimi, j’aurais pris le bonnet du Père Noel à Mounier et me le serais mis sur la tête. Et si un petit homme gris du ministère de l’arbitrage était venu m’en faire le reproche, je l’aurai toisé : « Brisons-là, voulez-vous. Vous êtes un imbécile ! Rassurez-vous, il en existe des historiques. » 

Hélas ! Monsieur Ennjimi préfère l’obéissance au panache, le jaune cocu au rouge de Noël et le sifflet à l’humour. Sans doute est-ce pour cette raison qu’il est arbitre comme d’autre sont juges ou procureurs. Il parait qu’il en faut. Soit. Mais c’est sans moi.

Source : Pascal PRAUD - Yahoo sports