Publié le 26/01/2015 - L'Entretien du Lundi - Stévann Pichon / Laurent Réveret.
Au moment de publier cet article, nous apprenons que Laurent et Stevann ont effectué aujourd'hui leur dernier match de la compétition. En effet, l'équipe de France s'étant qualifié pour les 1/4 de finale, les responsables de l'Arbitrage IHF ont décidé de renvoyer en France, nos deux représentants. Nous déplorons bien évidemment cette décision, au regard qu'il y avait tout de même une place pour eux en 1/4, voir pour un match de classement... Mais, ils sont bons joueurs, et prennent ça avec le sourire (nous et les fans, moins forcement). En tout cas nous tenions à les remercier d'avoir si bien défendu nos couleurs (celle de l'arbitrage français) pendant la compétition, et nous les attendons pour de nouvelles aventures en Championnat de France, en Champions League et bien sûr pour les JO 2016 à RIO ... pays du Football, qui pour un temps sera celui du Handball !!
Merci Laurent et Merci Stevann de faire briller si haut l'arbitrage "Made in France".
Merci Laurent et Merci Stevann de faire briller si haut l'arbitrage "Made in France".
Ils représentent la France, portent un short et un maillot, et foulent les terrains du Mondial 2015. Pourtant ils ne font pas partie de la sélection retenue par Claude ONESTA. Stévann PICHON (37 ans, directeur administratif de la Ligue des Pays de la Loire) et Laurent REVERET (38 ans, chargé de mission du développement de l'arbitrage à la FFHB), forment la paire arbitrale française retenue pour ce Mondial 2015. À Doha, ils ont déjà sifflé quatre matches et ils évoquent leur rôle, souvent d’une seule voix.
Comment vous préparez-vous à siffler un match ?
Stévann : On part toujours de l’hôtel deux avant le match en vue d’arriver dans la salle 90 minutes avant le coup d’envoi. On regarde la fin de la 1e mi-temps du match précédent et on enchaîne par un petit café. Notre préparation débute une heure avant le match. On se met en tenue et on discute ensemble du match et des axes de travail pendant un petit quart d’heure.
Laurent : Ensuite on s’échauffe pendant une trentaine de minutes puis on s’équipe avec notre matériel, notamment le kit oreillettes. À H-10, on rentre dans notre match.
Être un duo arbitral français c’est voir très souvent les portes de la finale se fermer ? Est-ce frustrant ?
Laurent : Je l’ai vécu avec Nordine LAZAAR (ensemble ils ont arbitré aux J.O. de Londres, sur 2 Mondiaux et 2 Euros). Lors du Mondial 2009 en Croatie nous avions été désignés pour arbitrer la finale mais cela dépendait du résultat de la demie entre la France et le Danemark. La France s’est qualifiée pour la finale et on a arbitré la petite finale. Le sentiment du devoir accompli et la reconnaissance des instances permettent de faire passer la déception. On se mue ensuite en supporter. Le plus important c’est la performance de l’équipe de France, c’est la vitrine du handball dans notre pays.
Stévann : Je rejoins Laurent c’est un sentiment de déception sur le coup. Mais si on veut que le handball français poursuive son développement, cela passe par une équipe nationale performante.
Arbitrer ensemble implique t-il des liens d’amitié ?
Stévann : La complicité entre les deux est une condition indispensable. Nous arbitrons 50 à 60 matches par an. Avec les déplacements, cela représente de passer un tiers de l’année ensemble. On ne peut pas s’engueuler ou faire semblant.
Laurent : Oui bien sûr nous sommes amis. J’avais aussi une relation très saine avec Nordine LAZAAR. C’était comme un demi-frère car nous avions commencé le hand ensemble tout gamin.
Comment fait-on pour évacuer une décision sur laquelle vous avez un doute, voire conscience de votre erreur ?
Stévann : Il faut immédiatement évacuer ce doute. La décision est prise et ne peut être changée. Contrairement à un joueur, on ne peut pas sortir du terrain et se faire remplacer. Le match parfait n‘existe pas.
Laurent : À l’image des joueurs qui peuvent réaliser des trucs fantastiques, ils manquent aussi des tirs.
Et lorsque l’on devient la cible du public ?
Laurent : Ce ne sont pas les mêmes comportements que dans le football. Mais pour en avoir discuté avec des collègues du football, ils se trouvent plutôt loin du public. Dans une salle de 15 000 personnes, dans une ambiance confinée, nous sommes parfois tout près des spectateurs que l’on peut très bien entendre…
Parlez-nous de cette nouveauté : le but ou pas but et l’assistance vidéo mis en place sur ce Mondial ?
Stévann : C’est nouveau et on peut en effet solliciter le superviseur, par l’oreillette, pour vérifier si le ballon est bien rentré. La réponse tombe très rapidement et on reste en place sur le terrain.
Laurent : Le superviseur ne peut pas inverser une décision. En fait, outre le but ou pas but, il y a seulement deux cas où il peut intervenir. En cas de carton rouge qui entraine une disqualification directe (règle 8.5) s’il y a une erreur sur le joueur. L’autre situation concerne les gestes et comportements antisportifs (8.6b) qui n’ont pas pu être visibles techniquement par les arbitres.
L’arbitrage de ce Mondial apparait plus sévère avec notamment des nombreuses exclusions. Avez-vous reçu des consignes particulières lors du stage qui a précédé ce Mondial ?
Laurent : Le règlement n’a pas changé, c’est son application qui diffère avec une sévérité accrue sur les fautes à l’aile et sur le pivot. Les poussettes, les petits trucages et les tirages de maillot se sont un peu banalisés et on ne sifflait pas forcément. Évidemment c’est négatif pour la qualité du jeu. Dans la zone du pivot ce n’est pas simple car il est lui aussi capable de commettre des fautes sur le défenseur. Souvent, au début du match le défenseur prend le dessus et l’attaquant qui se fait remuer, réagit…
À l’instar des joueurs, vous effectuez un travail vidéo quotidien…
Stévann : Tous les arbitres sont réunis dans le même hôtel et en effet nous avons chaque jour de 09h à 11h un suivi vidéo sur les prestations de la veille. Tout est débriefé sous l’œil du président de la commission des arbitres de l’IHF, Manfred PRAUSE. Sur chaque match, nous sommes suivis par un délégué qui nous fait un retour sur notre match. Il y a beaucoup de points négatifs qui sont relevés mais aussi des situations bien gérées.
Laurent : Il faut être capables d’endosser les erreurs relevées devant tout le monde.
Cette application plus rigoureuse du règlement sportif avec l’IHF sera t-elle déclinée en championnat de France ?
Laurent : S’il y a une validation en ce sens de la Commission Centrale d’Arbitrage de la FFHB, on mettra en place cet arbitrage plus sévère.
Stévann : C’est une situation compliquée car nous sommes observables par l’IHF sur tous les matches que nous sifflons. On doit appliquer le règlement à partir des préconisations de l’IHF.
Selon vous, un match bien arbitré, c’est…
Stévann : Voir la satisfaction des deux équipes à la fin du match. On reçoit alors des petites tapes amicales ou des mots aimables. À contrario si elles nous sautent dessus… Mais nous sommes capables de faire tout de suite notre autocritique.
Quel type de rapport entretenez-nous avec les joueurs ?
Laurent : On entretient de bonnes relations mais on est là pour les protéger mais aussi pour les contraindre. Il y a tout de même la reconnaissance de la compétence. Voilà, je dirai que nous sommes collègues mais dans des services différents.
Ce Mondial délivrera un billet pour les J.O. de Rio. Et pour le corps arbitral ?
Laurent : C’est le dernier Mondial avant les J.O. et, avec l’Euro l’année prochaine, c’est en effet un événement majeur qui comptera pour les désignations.
Stévann : C’est la compétition rêvée de tout athlète de participer aux J.O. Pour nous aussi bien sûr mais la sélection est très rude avec seulement 16 paires retenues pour le handball aux J.O.
Source : experts-handball.com
Comment vous préparez-vous à siffler un match ?
Stévann : On part toujours de l’hôtel deux avant le match en vue d’arriver dans la salle 90 minutes avant le coup d’envoi. On regarde la fin de la 1e mi-temps du match précédent et on enchaîne par un petit café. Notre préparation débute une heure avant le match. On se met en tenue et on discute ensemble du match et des axes de travail pendant un petit quart d’heure.
Laurent : Ensuite on s’échauffe pendant une trentaine de minutes puis on s’équipe avec notre matériel, notamment le kit oreillettes. À H-10, on rentre dans notre match.
Être un duo arbitral français c’est voir très souvent les portes de la finale se fermer ? Est-ce frustrant ?
Laurent : Je l’ai vécu avec Nordine LAZAAR (ensemble ils ont arbitré aux J.O. de Londres, sur 2 Mondiaux et 2 Euros). Lors du Mondial 2009 en Croatie nous avions été désignés pour arbitrer la finale mais cela dépendait du résultat de la demie entre la France et le Danemark. La France s’est qualifiée pour la finale et on a arbitré la petite finale. Le sentiment du devoir accompli et la reconnaissance des instances permettent de faire passer la déception. On se mue ensuite en supporter. Le plus important c’est la performance de l’équipe de France, c’est la vitrine du handball dans notre pays.
Stévann : Je rejoins Laurent c’est un sentiment de déception sur le coup. Mais si on veut que le handball français poursuive son développement, cela passe par une équipe nationale performante.
Arbitrer ensemble implique t-il des liens d’amitié ?
Stévann : La complicité entre les deux est une condition indispensable. Nous arbitrons 50 à 60 matches par an. Avec les déplacements, cela représente de passer un tiers de l’année ensemble. On ne peut pas s’engueuler ou faire semblant.
Laurent : Oui bien sûr nous sommes amis. J’avais aussi une relation très saine avec Nordine LAZAAR. C’était comme un demi-frère car nous avions commencé le hand ensemble tout gamin.
Comment fait-on pour évacuer une décision sur laquelle vous avez un doute, voire conscience de votre erreur ?
Stévann : Il faut immédiatement évacuer ce doute. La décision est prise et ne peut être changée. Contrairement à un joueur, on ne peut pas sortir du terrain et se faire remplacer. Le match parfait n‘existe pas.
Laurent : À l’image des joueurs qui peuvent réaliser des trucs fantastiques, ils manquent aussi des tirs.
Et lorsque l’on devient la cible du public ?
Laurent : Ce ne sont pas les mêmes comportements que dans le football. Mais pour en avoir discuté avec des collègues du football, ils se trouvent plutôt loin du public. Dans une salle de 15 000 personnes, dans une ambiance confinée, nous sommes parfois tout près des spectateurs que l’on peut très bien entendre…
Parlez-nous de cette nouveauté : le but ou pas but et l’assistance vidéo mis en place sur ce Mondial ?
Stévann : C’est nouveau et on peut en effet solliciter le superviseur, par l’oreillette, pour vérifier si le ballon est bien rentré. La réponse tombe très rapidement et on reste en place sur le terrain.
Laurent : Le superviseur ne peut pas inverser une décision. En fait, outre le but ou pas but, il y a seulement deux cas où il peut intervenir. En cas de carton rouge qui entraine une disqualification directe (règle 8.5) s’il y a une erreur sur le joueur. L’autre situation concerne les gestes et comportements antisportifs (8.6b) qui n’ont pas pu être visibles techniquement par les arbitres.
L’arbitrage de ce Mondial apparait plus sévère avec notamment des nombreuses exclusions. Avez-vous reçu des consignes particulières lors du stage qui a précédé ce Mondial ?
Laurent : Le règlement n’a pas changé, c’est son application qui diffère avec une sévérité accrue sur les fautes à l’aile et sur le pivot. Les poussettes, les petits trucages et les tirages de maillot se sont un peu banalisés et on ne sifflait pas forcément. Évidemment c’est négatif pour la qualité du jeu. Dans la zone du pivot ce n’est pas simple car il est lui aussi capable de commettre des fautes sur le défenseur. Souvent, au début du match le défenseur prend le dessus et l’attaquant qui se fait remuer, réagit…
À l’instar des joueurs, vous effectuez un travail vidéo quotidien…
Stévann : Tous les arbitres sont réunis dans le même hôtel et en effet nous avons chaque jour de 09h à 11h un suivi vidéo sur les prestations de la veille. Tout est débriefé sous l’œil du président de la commission des arbitres de l’IHF, Manfred PRAUSE. Sur chaque match, nous sommes suivis par un délégué qui nous fait un retour sur notre match. Il y a beaucoup de points négatifs qui sont relevés mais aussi des situations bien gérées.
Laurent : Il faut être capables d’endosser les erreurs relevées devant tout le monde.
Cette application plus rigoureuse du règlement sportif avec l’IHF sera t-elle déclinée en championnat de France ?
Laurent : S’il y a une validation en ce sens de la Commission Centrale d’Arbitrage de la FFHB, on mettra en place cet arbitrage plus sévère.
Stévann : C’est une situation compliquée car nous sommes observables par l’IHF sur tous les matches que nous sifflons. On doit appliquer le règlement à partir des préconisations de l’IHF.
Selon vous, un match bien arbitré, c’est…
Stévann : Voir la satisfaction des deux équipes à la fin du match. On reçoit alors des petites tapes amicales ou des mots aimables. À contrario si elles nous sautent dessus… Mais nous sommes capables de faire tout de suite notre autocritique.
Quel type de rapport entretenez-nous avec les joueurs ?
Laurent : On entretient de bonnes relations mais on est là pour les protéger mais aussi pour les contraindre. Il y a tout de même la reconnaissance de la compétence. Voilà, je dirai que nous sommes collègues mais dans des services différents.
Ce Mondial délivrera un billet pour les J.O. de Rio. Et pour le corps arbitral ?
Laurent : C’est le dernier Mondial avant les J.O. et, avec l’Euro l’année prochaine, c’est en effet un événement majeur qui comptera pour les désignations.
Stévann : C’est la compétition rêvée de tout athlète de participer aux J.O. Pour nous aussi bien sûr mais la sélection est très rude avec seulement 16 paires retenues pour le handball aux J.O.
Source : experts-handball.com