Publié le 09/11/2017 - C'était en décembre 2015, l'histoire d'un match de foot qui se termine mal. La rencontre avait pourtant très bien commencé sur le stage du Tricot, à Villefranche de Rouergue, où l'équipe locale affrontait Figeac. Mais lorsque les Lotois égalisent dans les dernières minutes du match, tout bascule. Du sport, on passe à la guerre. Le match se transforme en pugilat, en bagarre générale entre les supporters, qui rentrent sur le terrain, les entraîneurs, et les joueurs. Une bagarre qui aurait pour origine une altercation entre deux femmes des équipes adverses dans les tribunes. Mais du côté de Villefranche ils sont près de 80 tandis que les visiteurs sont à peine une vingtaine. Pour le procureur de la République, Frédéric Coulomb, «c'est le dossier de l'idiotie».
Lynchage de l'arbitre
«Quand on pratique un sport on est là pour prendre du plaisir, assouvir une passion, supporter une équipe. La partie la plus invisible dans le sport, c'est le cérébral. Alors certains se permettent ce qu'ils veulent. Ils viennent se défouler, invectiver, insulter. Il faut mettre le holà à ces pratiques», lance le procureur. Le même met en avant deux circonstances aggravantes : d'une part il s'agit de violences commises en réunion et d'autre part sur une personne chargée de service public dans l'exercice de ses fonctions. En effet, l'arbitre, l'une des trois victimes, a reçu «des coups de poing, des coups de pied, au niveau du ventre, et surtout au niveau du visage. Ils étaient 15 à le frapper au sol». Selon l'un des prévenus, le plus âgé, qui reconnaît une gifle à un joueur lotois et un coup de poing à l'entraîneur. Ce dirigeant avoue qu'il a mal réagit lorsqu'il a vu quelqu'un venir violemment vers lui. «La violence sur un stade de foot, c'est nul». Son fils, qui ne jouait pas ce match, a avoué avoir été le premier à lui assener un coup de poing. Un autre, qui ne jouait pas non plus, arrive sans savoir ce qu'il se passe, «ça courait partout, ça partait dans tous les sens» et met un coup de pied à cet homme au sol. «C'était pour les séparer». Rire dans la salle. Recadrage par le procureur qui assène : «C'était un véritable lynchage de l'arbitre. Ce bénévole qui donnait énormément d'heures de son temps de libre a eu très peur et depuis il n'est pas revenu dans un stade». Les deux autres victimes, un jeune de l'équipe de Figeac a complètement arrêté le foot, comme la plupart des jeunes lotois qui se trouvaient au stage du Tricot ce jour-là, quant à l'autre, le père de ce jeune, entraîneur de l'équipe de Figeac, il a stoppé son engagement sportif pendant un an et demi.
Violences gratuites et lâches
«Ce sont des violences bêtes, gratuites, lâches et inacceptables. Et il y a suffisamment d'éléments pour entrer en voie de condamnation», a estimé Frédéric Coulomb qui a requis contre le père, «qui doit montrer l'exemple», 6 mois de prison avec sursis et, contre les deux jeunes agresseurs, 4 mois de prison avec sursis. Après délibération, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur concernant les jeunes mais a allégé celle du père en le condamnant à 5 mois de prison avec sursis. Le tribunal, par la voix de sa présidente Estelle Devoto, n'a pas retenu les interdictions de stade demandées comme «signal fort» par le procureur. Ils ont tous été reconnus solidairement responsables du préjudice subit par l'arbitre et condamnés à lui verser 500 €.
En revanche compte tenu du jeune âge de deux des prévenus (20 et 23 ans), l'inscription au casier judiciaire n'a pas été retenue pour ne pas handicaper leur avenir. L'un, actuellement surveillant dans un établissement scolaire, veut entrer dans l'armé de terre tandis que l'autre doit débuter prochainement une formation d'aide soignant. Il leur faudra peut-être quitter l'attitude désinvolte qu'ils ont affichée hier même si leur avocate a plaidé «la bêtise et l'impulsivité de leur âge».
En revanche compte tenu du jeune âge de deux des prévenus (20 et 23 ans), l'inscription au casier judiciaire n'a pas été retenue pour ne pas handicaper leur avenir. L'un, actuellement surveillant dans un établissement scolaire, veut entrer dans l'armé de terre tandis que l'autre doit débuter prochainement une formation d'aide soignant. Il leur faudra peut-être quitter l'attitude désinvolte qu'ils ont affichée hier même si leur avocate a plaidé «la bêtise et l'impulsivité de leur âge».
Source : LA DÉPÊCHE