Accablant, et encore, le mot est est faible. Révélées par le Canard enchaîné, les écoutes téléphoniques des dirigeants de L2 qui ont conduit les agents du Service central des courses et jeux de la Direction centrale de la police judiciaire à agir, montrent que Serge Kasparian et le président nîmois Jean-Marc Conrad n'ont pas ménagé leurs efforts pour tenter d'assurer le maintien de leur club en Ligue 2.
Avant la rencontre Dijon-Nîmes, finalement perdue assez largement (5-1), Serge Kasparian, l'actionnaire principal du club de Nîmes s'était pourtant montré confiant avec son fils au téléphone: «C’est sûr, ils lâchent le match. Enfin, ils le lâchent gentiment, je veux dire.» La veille du match, Michel Moulin, un temps lié au PSG, très proche de l’entraîneur de Dijon Olivier Dall'Oglio, confirme l'accord à Jean-Marc Conrad: «J’ai fait passer le message, ils vont pas jouer le match de leur vie. Par contre, arranger un match, c’est toujours compliqué (…) Maintenant, c’est une question de motivation. Toi, tu joues ta vie, Eux, ils jouent rien (…) Ils sont faibles dans l’axe. Il m’a dit : "Tu joues là-dessus, voilà, c’est à vous de prendre le match à 3000%"».
Des SMS et des caisses de vin
Le 13 mai, un échange de SMS entre le président de Caen Jean-François Fortin et son homologue nîmois le jour de la rencontre entre Caen et Nîmes révèle des échanges intrigants, alors que les deux équipes n'ont besoin que d'un point pour accomplir leur objectif, la montée pour l'un et le maintien pour l'autre. Fortin : «Toi, c’est un point aussi ?». Conrad : «Ouais, il nous faut un point, voilà.» Fortin: «Ben, si on n’est pas trop cons, hein?» Conrad: «Dis-toi bien que le nouveau président de Nîmes, il n’est pas trop con. Il s’est même bonifié et a amené un cadeau pour tout le monde». Selon France 3, des caisses de vin de la région de Nîmes auraient été gentiment livrées dans le vestiaire caennais Selon Le Point, plusieurs dirigeants et entraîneurs de Ligue 1 et Ligue 2 ont été interpellés ce mardi matin dans le cadre d’une vaste affaire de corruption autour des matches de Nîmes la saison dernière.
Ces dernières années, le football a été touché de plein fouet par plusieurs affaires de paris suspects sur des matches. Mais les grandes mesures annoncées par les différentes instances pour lutter contre ce fléau n’ont, semble-t-il, pas pour autant effacé la plus banale des corruptions. Le service central des courses et jeux de la Direction centrale de la police s’est en effet saisi d’une affaire de «corruption active et passive dans le cadre de manifestations sportives» autour du cas du Nîmes Olympique. Selon Le Point, plusieurs interpellations auraient ainsi eu lieu ce mardi matin à Nîmes, Angers, Caen et Dijon. Le Parisien annonce pour sa part que le CA Bastia et Créteil sont aussi dans le collimateur. Le président du Stade Malherbe Jean-François Fortin, ainsi a priori qu'un autre membre administratif du club seraient entre les mains de la police pour s’expliquer. Idem côté Nîmes avec Jean-Marc Conrad, placé en garde à vue ce matin.avant le match, qui s'est évidemment terminé à égalité (1-1).
En cause selon le service central et les juges d’instruction Serge Tournaire et Hervé Robert, plusieurs matches des Crocodiles disputés la saison dernière, et visiblement quelque peu douteux, qui ont permis au club gardois de se maintenir de justesse en Ligue 2. Dans le collimateur des enquêteurs notamment les rencontres Caen-Nîmes (1-1) et Angers-Nîmes (2-3), les deux matches s’étant joués en fin de saison. Le match des Nîmois en Normandie avait d’ailleurs donné lieu à un quiproquo complexe, le match initial n’ayant eu lieu pour cause de retard de l’avion des Gardois, atterri à Beauvais, avant de repartir à son point de départ, les joueurs n’ayant eu le temps d’arriver en temps et en heure au stade. Le président caennais avait alors actionné plusieurs leviers pour faire valider le forfait du Nîmes Olympique, à perte puisque finalement la Ligue avait décidé de rejouer le match. Un match finalement soldé par ce résultat nul qui arrangeait de fait les deux clubs dans leur objectif respectif.
Source : LE FIGARO
Selon Le Point, ce sont bien les dirigeants de Nîmes qui seraient au cœur du scandale, du tout moins à l’origine. C’est dans le cadre d’une affaire connexe que les enquêteurs auraient découvert le pot aux roses. Ecouté dans l’affaire dite du Cercle de jeu Cadet (blanchiment, association de malfaiteurs, abus de confianc), Serge Kasparian, actionnaire majoritaire du Nîmes Olympique (via une société commune avec le président Conrad) et dirigeant du cercle de jeux Cadet (il dispose de plus d’un certain nombre de brasseries parisiennes et aixoises), aurait laissé entendre son intention «d’arranger des matches». Kasparian a de fait été emprisonné le mois dernier pour ce qui n’était alors selon le Nîmes Olympique «qu’une affaire privée, le concernant». Mais cela aurait surtout alors lancé d’autres investigations qui ont donc mené aux interpellations de la matinée. Parmi les personnes interpellées figurent des entraîneurs, des présidents de clubs et des intermédiaires de renom, précise Le Point.
Le nom de Jean-François Fortin, président du Stade Malherbe de Caen
(club de Ligue 1), sera notamment évoqué. Jean-Marc Conrad, président du
Nîmes Olympique, a lui aussi été interpellé.
Source : FOOT