Publié le 01/01/2015 - Depuis six saisons, Sébastien Desiage, 40 ans, arbitre en Ligue 1 ou en Ligue 2. Avec ses assistants Nicolas Henninot et Djemel Zitouni, il explique à l'AFP la préparation et la direction d'un match d'élite, la communication entre les acteurs et la gestion de la pression ou de l'erreur.
. L'avant-match
Les désignations, point de départ de la préparation, arrivent dix jours avant les matches. "On visualise quelques-unes des dernières rencontres. Chacun sa mission, les assistants vont notamment observer les hors-jeu et les stratégies dans ce domaine", raconte Desiage.
Pour le central, le travail porte "sur le contexte sportif, les enjeux géographiques, les antécédents entre les équipes".
"L'idée est aussi de connaître les joueurs clés, les créateurs, ceux qui influent sur le plan défensif. Et repérer ceux qui ont un impact lors des décisions arbitrales. Grâce à ça, on peut faire passer quelques messages dès l'avant-match", ajoute le Stéphanois, qui s'efforce d'arriver sur le lieu du match la veille du coup d'envoi.
. Jour de match
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Sébastien DESIAGE |
"Le matin, on revoit ce que chacun a préparé. On donne les consignes, les objectifs, les fils conducteurs. Il faut être performant sur les basiques de l'arbitrage", juge celui qui est "remonté" la saison dernière à l'échelon F1, qui permet de siffler en Ligue 1.
Avant la collation, l'équipe accueille le quatrième arbitre. "Il peut nous accompagner sur les décisions techniques et il est en charge d'une zone de 10-15 mètres devant lui et 10-15 mètres sur les ailes", explique Desiage.
"Mais il faut que son avis apporte quelque chose. S'il a une certitude sur un (carton) rouge, par exemple. Il travaille aussi en début de semaine sur les staffs."
. Le match
"Les 10 premières minutes sont cruciales", selon Desiage. "On impose le cadre, on montre jusqu'où on veut aller sur la fluidité du jeu. Il faut attaquer sur le bon tempo."
Dans quelle mesure le public et le bruit peuvent-ils alors peser sur la performance ? "Moi je n'entends rien", assure Nicolas Henninot, alors que son comparse Djemel Zitouni reconnaît que cela "demande des qualités psychologiques et de la confiance en soi".
Mais pour Desiage, "on l'occulte. Et ça n'arrive pas d'un coup. J'ai 120 matches comme 4e arbitre, on apprend avec ça."
. La communication
Comment les arbitres communiquent-ils avec les joueurs ? "Le vouvoiement est obligatoire dans mon mode de fonctionnement", prévient Desiage. "Mais à l'avant-match, il y a des vecteurs de communication, avec de la décontraction, de l'humour."
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Nicolas HENNINOT |
"Il y a des joueurs qu'on a arbitré 15 fois. Ca crée avec certains un peu de proximité", confirme Henninot. "Et en match, on parle constamment. Sur un beau tacle, on dit "bien joué, c'est propre".
Se pose aussi la question des langues. "Anglais et espagnol ça va, un peu d'italien aussi. Après, sur le banc de Monaco, il n'y a qu'une ou deux personnes qui parlent français. C'est plus facile pour "Bart", plaisante Desiage, en référence à son collègue lusophone Bartolomeu Varela.
Entre eux, les membres de l'équipe arbitrale utilisent l'oreillette, "un vrai plus sur les situations pas évidentes", estime Desiage.
"C'est un langage simple, rien de codé. On essaie de répéter les choses trois fois", précise Henninot.
Et surtout, jamais de négation. "Parce que si un assistant me dit +pas penalty+ et que je n'entends que la fin, c'est embêtant", sourit Desiage.
. Retour au vestiaire
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Djemel ZITOUNI |
"La pause est un moment de partage sur notre performance, sur des points de vigilance", explique Desiage.
Et en cas d'erreur en première période ? "En fait, on ne le sait jamais. Au mieux, on a un faisceau d'indices", raconte Henninot. Pour Zitouni, "il ne faut pas se laisser polluer. Sinon, on n'y est plus."
A la fin de la partie, "notre porte est ouverte, on peut échanger", assurent les arbitres. Les hommes en noir débriefent ensuite avec l'observateur de la direction technique, avant des échanges plus poussés en semaine avec la DTA.
Puis il faut basculer sur le match suivant, avec la même rigueur de préparation. "On se régale, on prend du plaisir. Ca ne se passe pas dans la douleur", résume Desiage.
Source : LE PARISIEN