Publié le 01/03/2015 - A quelques jours, du CHALLENGE qui porte désormais son nom, j'ai une pensée très émue pour mon ami Jean-Claude LESAGE, qui nous a quitté bien trop tôt, dans la fleur de l'âge et à l'aube d'une carrière internationale qui ne faisait que débuter. Des hommes comme lui, on a pas la chance d'en croiser tous les matins, et c'est avec beaucoup de peine et le cœur gros que j'écris ces quelques lignes .
Rassurant, toujours enjoué et curieux de l'autre, il savait vous convaincre en quelques mots et faisait d'une petite chose sans importance, un sujet de conversation dont nous nous délections. Je consacrerais un article plus long à Jean-Claude LESAGE, très bientôt. En attendant je vous laisse prendre connaissance du message adressé aux arbitres le 29 juillet 1994 par Michel VAUTROT, alors Président de la CCA, et qui résume à lui seul le courage de Jean-Claude et la fierté pour moi d'avoir été l'un des ses proches amis.
Une Minute de silence pour Jean-Claude LESAGE
Lors de la
2ème journée des Championnats de France de première et deuxième
division, une minute de silence à été observée en hommage à
M. Jean-Claude LESAGE, juge de touche international, qui vient de
disparaître au terme d'une maladie particulièrement cruelle. Président
de la Commission Centrale des Arbitres, M. Michel VAUTROT a tenu à lui
rendre un dernier hommage.
Nous la pressentions et nous la
redoutions depuis quelques jours lorsque la lugubre nouvelle est tombée :
la grande faucheuse avait accompli sa triste besogne.
Notre
collègue a lutté jusqu’au bout de ses forces (40 kg) en se raccrochant à
l'arbitrage comme ultime espoir pour ne pas perdre le match de sa vie.
Mais l'adversaire était trop fort et le combat était devenu trop inégal.
Comme si le Diable avait choisi son camp...
Venu à l'arbitrage
en 1976, Jean-Claude LESAGE avait rejoint la Fédération dix ans plus
tard. Nommé juge de touche F1 le 1er janvier 1991 dans le trio de
Jean-Marie VENIEL, il obtenait la badge FIFA en juillet 1992. Sa
première grande joie internationale fut en novembre dernier (1993),
lorsqu'il assista Joël QUINIOU sur le match de Coupe d'Europe OFI Crête -
Boavista.
Il officia pour la dernière fois en Championnat de France le 15.01.1994 à l'occasion de ROUEN/MULHOUSE (2ème division).
Il
avait été l'un des premiers à renouveler pour la saison 1994-95 en
indiquant la mort dans l'âme, la maladie pour son poids défaillant et sa
profession perdue.
Bluffait-il au cours de notre dernier
entretien avant mon départ en congés : "Les docteurs m'ont dit que j'en
baverais encore 3 ou 4 mois avant de m'en sortir définitivement".
Certainement
pas tant il s'est battu pour revenir parmi nous avant de capituler,
quelques jours avant sa délivrance du mal, lorsqu'il comprit qu'il ne
foulerait plus jamais les terrains. Porteur, avec quelques uns de ses
proches, du secret qu'il avait voulu conserver par pudeur de son cancer,
dont la malignité n'échappait pourtant à personne, je savais qu'il ne
revêtirait jamais son costume d'International, gardé à Clairefontaine
pour ne pas le traumatiser davantage.
Quelques mois seulement
après avoir porté en terre son mari, sa maman va refaire le même chemin
de croix pour son unique fils, célibataire, qui attendu son arrivée à
l'hôpital avant de lui prendre les mains et de fermer définitivement ses
paupières.
Malgré le handicap du week-end at des vacances, notre
Fédération, notre CCA et l'UNAF, firent le maximum pour assurer sa
famille de notre affectueux soutien et honorer en votre nom à tous, le
souvenir de notre collègue et ami.
Nous étudierons ultérieurement
la manière la plus délicate d'associer le corps arbitral à une dernière
manifestation en sa mémoire.
Salut Jean-Claude ! Et Merci pour cette formidable leçon de courage.
Quand
tu feras la touche au match des anges (mais il doit bien y avoir aussi
quelques démons là-bas), fais bous un petit signe avec ton drapeau. Nous
te répondrons avec le mouchoir qui sèche nos larmes après ce carton
rouge, sans aucune possibilité d'appel et qui repose les éternelles
questions sans réponse : Pourquoi toi ? Pourquoi si jeune ?
Alors
si le juge suprême est capable de telles erreurs, comment ne pas
admettre et pardonner celles beaucoup moins conséquentes de tes
collègues sur un terrain de football ?
"Si mes camarades étaient à
ma place, ils relativiseraient les petites misères de leurs
désillusions sportives" me confiait-il avant les derniers classements.
En forme d'ultime message ?
Michel VAUTROT
Président de la CCA